French Journal For Media Research

Lison Jousten

Collectif DAEM (2015), Le souci du monde – Le souci de soi. Approches croisées entre Arts & Médias, Paris : L'Harmattan, 272 p.

1L’ouvrage Le souci du monde – Le souci de soi. Approches croisées entre Arts & Médias rassemble des propositions de jeunes chercheurs élaborées à l’occasion des onzièmes et douzièmes journées d’étude de l’École doctorale Arts & Médias, respectivement consacrées au « souci du monde » et au « souci de soi ». Complémentaires, ces deux thématiques fonctionnent comme en miroir et permettent de réunir des problématiques communes déclinées au travers de différentes disciplines, approches et objets. En interrogeant les rapports au monde et à soi tels qu’ils se manifestent dans différents arts et médias, les articles se confrontent aux questions corollaires des identités et des représentations : le large brassage auquel se prête l’ouvrage collectif permet bien de réaffirmer une dimension plurielle et jamais univoque des pratiques, des pensées, des réalités. Par la variété des interventions, la réflexion est menée ici dans un souci de décloisonnement aussi bien disciplinaire et artistique que culturel ou géographique.

2Le volume, qui respecte la distinction entre les journées d’étude, se construit ainsi sur deux grandes parties éponymes, chacune subdivisée en trois sections. « Le souci du monde », premier volet de l’ouvrage collectif, envisage tout d’abord « La création artistique à l’épreuve du réel ». Cette rubrique fait cohabiter des analyses d’œuvres menées par Mathieu Corp, Benjamin Léon, Rosine Bénard, Olha Kobryn et Benjamin Flores. La réflexion qui les unit, et qui introduit assez efficacement le propos, est finalement celle-ci : comment le médium — qu’il soit photographique, vidéographique ou cinématographique — témoigne-t-il d’un certain rapport au monde ? Dans quelle mesure le réel, mais également sa représentation, se voient-ils questionnés, voire reconfigurés par des pratiques artistiques ? Les propositions qui forment cet ensemble posent les premiers jalons d’une réflexion menée tout au long de l’ouvrage et qui se prolonge plus particulièrement dans une section dédiée aux « Stratégies de représentation ». Les articles de Gildas Mathieu, Massimo Olivero, Pauline Bouchet, Melisa Yener, Marie Sonnette et Jean-François Ballay examinent différentes propositions qui témoignent d’autant de positions de l’artiste face au monde. Le travail des créateurs étudiés au sein de chaque intervention (du cinéaste à l’écrivain, en passant par le metteur en scène et le rappeur) consisterait en définitive à interroger les normes sociales, culturelles, politiques et idéologiques. La question de l’engagement qui y est posée se poursuit d’une certaine manière dans les réflexions de Marie Pruvost-Delaspre, Amandine d’Azevedo, Pauline Peyrade, Marjorie Bertin et Johanna Krawczyk, réunies dans une dernière section sous le titre d’ « Identités et tentatives de réenchantement » qui interroge les notions d’identités et d’interaction. Les expérimentations artistiques (cinématographiques, théâtrales, littéraires) envisagées par les cinq auteures, renvoient également aux expériences du monde et interrogent la place que l’Homme peut prendre dans celui-ci. Ce dernier volet se clôture assez adroitement par l’entretien (mené par Marjorie Bertin) de l’auteure et comédienne Darina Al Joundi, permettant d’assurer la jonction entre les deux parties de l’ouvrage ; le geste artistique y est notamment affirmé en tant que lien entre le soi et le monde, entre la parole individuelle et l’expérience collective.

3La seconde partie de l’ouvrage, « Le souci de soi », poursuit ces interrogations : le rapport au monde y est envisagé sous le prisme de l’individualité. Cette partie se consacre dans un premier temps aux « Mises en scène et multiplication des identités ». Les articles de Pierre Bas, Clémence de Montgolfier, Kateryna Lobodenko, Milène Tournier et Cyrielle Dodet se penchent sur la manière dont s’affirment et se construisent les identités au gré des arts et des médias. Il est ici principalement question de la mise en scène, de la représentation du soi face au monde. Mariana de Souza Gomez, Alejandra Chuliá Jordán, Marina de Castro, Julien Joly et Lorreine Petters orientent ensuite la réflexion vers les « Quêtes de soi », deuxième rubrique de cette seconde partie. Les contributions s’attardent sur des analyses d’œuvres et pratiques spectaculaires et audiovisuelles (télévisuelles, cinématographiques, théâtrales et même publicitaires) en tant qu’elles participent — chacune de manière très différente ­— à la construction de l’individu. L’ouvrage se conclut enfin par une dernière section consacrée à la « Difficulté d’être soi ». Magali Alphand, Caroline Thiéblemont, Macha Ovtchinnikova et Célia Laurin dédient leurs interventions à des analyses de cas où l’individualité est perçue comme écart dans son rapport à l’autre, touchant ainsi aux limites de la rencontre, parfois problématique et paradoxale, entre le souci de soi et le souci du monde.

4L’incroyable diversité qui caractérise ce volume (trente-et-une propositions envisageant chacune un objet selon une perspective singulière) représente son intérêt principal en même temps que son talon d’Achille. Sans que l’on puisse parler d’incohérence, le fil rouge reliant les nombreuses interventions se fait parfois très ténu et ne suffit pas toujours à faire tenir ensemble des approches et objets aussi divers.




Lison Jousten
Université de Liège

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