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Bonaccorsi, J., Fantasmagories de l’écran. Nouvelles scènes de lecture, 1980-2012, Paris, Presses universitaires du Septentrion, 2020.
1Qu’il permette au lecteur de se convertir en acteur voyeur sans exclure le voyeurisme d’après Nathalie Roelens (1998, p. 481), personne ne mettrait en doute l’utilité sociale de l’écran.
2Qu’il permette, comme l’a relevé Dominique Boullier (2002, p. 45-60), au sujet des appareils de communication, de mettre en lumière la question de l’usure et de l’empreinte du temps de l’usage dans les représentations visuelles, nul ne saurait remettre en cause les multiples fonctionnalités de cet écran.
3En outre, qu’ils redéfinissent, notamment, assez nettement le périmètre des technologies, les écrans œuvrent, selon Brigitte Juanals (2005, p. 91), pour la métaphorisation des cultures de l’écrit associées au livre imprimé et aux outils informatiques apparus récemment. Ces métaphores illustrent, entre autres, l’attachement au livre imprimé comme outil cognitif de lecture. Ils sont aussi le signe de la recherche d’une légitimité culturelle, à s’en référer à Julie Bonaccorsi (2020, p. 33).
4Inscrit dans une très large palette fonctionnelle, l’écran, comme en témoigne Julia Bonaccorsi (2020), est tributaire de la nouvelle matérialité numérique de l’écrit. Il est, à en croire cette dernière, comme une véritable forme culturelle infléchissant les repères de la culture écrite imprimée. Comme pour faire un pied de nez à ceux qui auraient prédit la mort du scriptural lors de l’avènement médiatique de l’audiovisuel, au travers d’un incalculable tour de vis, Julia Bonaccorsi fait émerger les liens étroits, et peut-être même de cause à effet, existant entre l’écrit et l’écran.
5« Fantasmagories de l’écran. Nouvelles scènes de lecture, 1980-2012 » est un ouvrage riche en corrélations entre ces deux modalités communicationnelles voire médiatiques, modalités plaidant en faveur d’une remise au goût du jour de la thèse d’une espèce de « perpétuité médiatique ». Dans un jeu de mots, ou plutôt un jeu de mondes, l’auteure met en lumière la complicité existant entre le visuel et l’écrit, dans une relation débordant de cadres conceptuel et temporel. Elle s’inscrit en faux, a contrario, d’une certaine manière, contre un dépassement, au mieux, contre un déterminisme pur et dur en rapport avec les médias. Cet ouvrage interroge la culture visuelle de la lecture sur écran. A partir d’une investigation sémiologique et critique, cette interrogation s’opère sur une période de trente-deux ans et porte sur les images publicitaires, artistiques, institutionnelles ou privées entre autres. Julia Bonaccorsi bat en brèche, en quelque sorte, l’idée selon laquelle un média nouveau vient toujours démoder son prédécesseur, dans les pures hantises de la sélection naturelle.
6Divisé en cinq chapitres, chaque entité de cet ouvrage de 201 pages publié en 2020 aux Presses Universitaires du Septentrion, apporte un démenti sur une prétendue mise en terre des écrits au bénéfice du visuel, tel que plusieurs courants d’opinion l’avaient déjà prophétisé. Dans chaque pan de cette recherche, une preuve est apportée à la vivification de l’écrit depuis l’avènement des écrans.
7Dans un style d’écriture accessible, bien que truffé d’un nombre important de coquilles et d’une lourdeur narrative, ce texte fait montre d’une recherche de qualité venant à rappeler, si besoin, que « largement illustrées, ces Fantasmagories de l’écran, aux dires de Julia Bonaccorsi (2020), témoignent de l’imprégnation sociale et triviale de nouveaux rapports au visible et au lisible dans la culture écrite. Ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, tel est l’adage correspondant à la leçon à tirer de cette recherche par rapport aux prophètes de malheurs sur le sort de l’écrit lorsque les écrans ont commencé à proliférer dans la société contemporaine.
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