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« Printemps arabe » et presse écrite : quelles représentations ? Cas du Matin du Saharaet du Maghreb et de La Presse de Tunisie
Résumé
Le discours ayant accompagné la grogne arabe pendant l’année 2011 met en surface l’idée d’une « révolution initiée par le numérique ». La présente contribution vise, à travers une analyse de contenu de deux journaux maghrébins à déceler la nature du discours journalistique adopté lors du « printemps arabe ».
Abstract
The wave of uprisings that has shacked the Arab world in 2011 have in perspective view, a common denominator: digital technology. The following contribution carry out the analysis of content of Two Maghreb newspapers for better understanding of the nature of the journalistic speech adopted by these media during the “Arab spring.”
Table des matières
Texte intégral
Introduction
1Le « printemps arabe » 1 a suscité non seulement l’intérêt des médias mais aussi celui de l’opinion publique internationale. Le suicide du jeune tunisien Bouazizi en signe de protestation contre la confiscation de son « gagne-pain » a provoqué un mouvement de grogne populaire sans précédent en Tunisie gagnant par la suite l'Egypte, la Lybie, le Maroc, le Yémen et la Syrie et bien d’autres pays arabes et occidentaux. En effet, « le Réveil arabe », si nous empruntons l’expression de S.Proulx, a soufflé un vent de liberté ayant suscité une onde de choc sur le continent européen. Ainsi, la détermination des occupants de la place Tahrir, au Caire, lieu public fortement symbolique, fut une source d’inspiration pour les militants européens. Le mouvement social des Indignés madrilènes (indignados) a émergé à partir du 15 mai 2011 et s’est répercuté d’un pays à l’autre, en particulier parmi les populations des pays qui ressentaient le plus directement les effets de la crise des dettes publiques et les contraintes des régimes imposés d’austérité : Espagne, Grèce, Portugal, Italie. (Proulx 2012).
2Ces mutations sociopolitiques ont tous, à vue cavalière, un dénominateur commun : la technologie numérique. En effet, les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et plus particulièrement les réseaux sociaux numériques ont, selon de nombreux auteurs (F.B, Huyghe, 2011 ; M.el Oifi, 2011) et médias occidentaux (Emission C Dans L’air du 19/06/2013), joué un rôle incontournable dans le déclenchement des révolutions tunisienne et égyptienne.
3En effet, les révolutions arabes ont mis en exergue la place qu’ont occupée les réseaux sociaux numériques et le Web 2.0 dans l’émergence des mouvements de grogne populaire dans différents pays maghrébins et arabes. Dès lors, le numérique est perçu tel un espace d’échange et de coordination des actions communes. Les jeunes révolutionnaires faisant usage des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) se sont imposés dans le paysage arabe prenant de court bon nombre d’analystes politiques et de régimes qui n’ont rien vu venir.
4Dans la même perspective et, comme l’affirme O.Laraki directeur de la géolocalisation et de la recherche sur Twitter, durant les soulèvements en Tunisie et en Egypte, Twitter a enregistré une hausse très conséquente du trafic depuis les pays d’Afrique du Nord. Notons que cette hausse du trafic a engendré au Maroc l’organisation et la mobilisation du mouvement du 20 février 2011 ayant regroupé des milliers de personnes dans tout le Royaume revendiquant leurs droits et réclamant des réformes profondes et radicales.
5L’ère de changement sociopolitique ayant affecté et affectant plusieurs pays maghrébins et arabes y compris le Maroc2, et dont l’outil principal est, à vue cavalière, la technologie numérique, nous pousse à nous interroger sur le rôle des médias et des TIC dans le processus du changement.
6C’est dans ce contexte de perturbation sociopolitique que nous nous sommes intéressés à l’analyse des représentations du « printemps arabe » dans les médias notamment dans la presse écrite tunisienne et marocaine. En effet, la grogne arabe et les TIC sont fortement associés. Par ailleurs, ces mouvements contestataires suivent le même vecteur ; en témoignent les différents articles publiés dans les colonnes de deux quotidiens, affichant une ligne éditoriale pro-gouvernementale, LeMatin du Sahara et du Maghreb (MSM) et La Presse de Tunisie. Encore faut-il ajouter que la présente contribution s’inscrit dans une optique de continuité avec nos travaux de recherche antérieurs3.
7Par conséquent, nous envisageons les TIC comme vecteur de mobilisation et de mutation secondaire. Nous appuyons notre hypothèse de travail sur les résultats de notre enquête menée en 2011, où l’ensemble des éléments/contextes analysés laissent émerger une image d’un « printemps arabe » caractérisée par le seul sceau numérique plus que douteuse.
8Nous ambitionnons projeter des lueurs sur les caractéristiques du discours concernant « Le printemps arabe » à travers deux quotidiens maghrébins, le MSM et La Presse de Tunisie. Notre choix est motivé par le fait que les deux quotidiens sont des journaux d’information générale et politique. Par ailleurs, ils représentent des critères plus au moins similaires tant au niveau du tirage qu’au niveau des ventes4 ; il est à souligner également que ces journaux ont traité la question du « printemps arabe » d’une manière détaillée, et ce du 17 décembre 20105 jusqu’au 30 décembre 2011 avec plus de 408 articles.
Méthodologie
9Afin de cerner les représentations du « printemps arabe », dans Le MSM et La Presse de Tunisie, nous nous sommes servis de la démarche d’analyse de contenu de L. Bardin qui insiste sur le fait qu’un texte peut être analysé et découpé selon des thèmes-pivots, des sous thèmes, des genres, des acteurs et des positions qui le constituent. En effet, L'analyse de contenu est « une technique de recherche pour la description objective, systématique et quantitative du contenu manifeste des communications, ayant pour but de les interpréter » (Berelson 1952). Notre démarche s’articule autour de trois parties :
10Dans un premier temps, nous avons établi une sélection d’articles les plus pertinents ayant traité de près ou de loin les représentations d’une révolution initiée par les TIC durant cette période. Ainsi, les publications se répartissent comme suit :
11•Le rôle du web 2.0 dans le déclenchement les révolutions arabes : Le MSM propose cent quatre-vingts articles. La Presse de Tunisie propose deux cent vingt-huit articles.
• Tableau 1. – Répartition des articles du corpus de La Presse de Tunisie selon le nombre et la taille
• Tableau 2. – Répartition des articles du corpus du MSM selon le nombre et la taille
12Dans un second temps, une lecture attentive des articles permet d’abord d’en souligner les thèmes généraux puis de regrouper sous ces 'thèmes' les mots-clés qui leur correspondent. En ce qui concerne la thématique TIC, par exemple, nous avons relevé : Internet, Facebook, Twitter, Réseaux sociaux numériques. Le regroupement de ces mots tient compte de leur fréquence dans les articles analysés.
13Une fiche est alors dressée (voir tableau ci-dessous) pour chaque article. Après l'analyse du corpus, nous procédons au regroupement des différentes composantes (thèmes, sous-thèmes, acteurs, genre, etc.) de nos articles. Nous avons appliqué le même principe de regroupement sur les caractéristiques du genre, des acteurs et des positions.
• Tableau 3. – Fiche d'analyse d'un article
14In fine, nous avons procédé à une étude comparative de La Presse de Tunisie et du MSM en signalant les éléments dominant les champs thématiques, le genre, les acteurs ainsi que les positions. Toujours est-il que la comparaison, pour chacun des événements analysés, est structurée en deux grandes étapes :
15• La première étape consiste à comparer la nature de traitement des thèmes et des acteurs. La différence de la taille mais aussi les centres d'intérêt des deux corpus nous ont poussés à privilégier une comparaison quantitative à l'aide du nombre des occurrences.
16• La deuxième étape donne une importance particulière à la comparaison/confrontation entre les définitions des notions dominantes de chaque corpus.
Le « printemps arabe », TIC, Internet, réseaux sociaux numériques et blogosphère : quelle relation?
17Le traitement du rôle des TIC dans le déclenchement des mouvements révolutionnaires arabes dans les deux quotidiens présente des similitudes tant au niveau quantitatif que qualitatif. Ce thème pivot (les TIC) occupe le troisième et dernier rang des thèmes les plus traités par La Presse de Tunisie (18.97%) et par Le (MSM) (19.52%). Par ailleurs, et à partir des statistiques obtenues, nous pouvons déduire que les deux quotidiens maghrébins traitent de cette question (TIC) de façon superficielle et focalisent toute leur attention sur les faits sociopolitiques engendrés par les mouvements de grognes populaires.
18Dans une autre perspective, nous notons que les deux titres de presse ont abordé le sous-thème d’Internet ainsi que son rôle durant les mouvements révolutionnaires arabes de façon similaire et réductrice, La Presse de Tunisie (5.31%) et Le MSM (4.47%). De tels résultats n’ont d’autre fin que de montrer que les deux journaux sont au cœur des faits et ont tenu à protéger les régimes politiques en place au lieu de s’intéresser aux causes principales ayant entraîné ces mouvements révolutionnaires, raison pour laquelle la question d’internet n’a pas été évoquée de façon exhaustive.
19Dans le même ordre d’idées, penser les TIC dans leur dimension d’aide à la mobilisation sociale et politique pendant les périodes d’instabilités politiques, économiques ou sociales a fomenté l’intérêt de maints chercheurs aussi bien pour construire une assise théorique permettant d’assimiler les interactions entre citoyen, médias et changement (Proulx, 2012) que pour caractériser les spécificités des mouvements actuels (Huguet, 2013 ; Touati, 2012 ; Merah, 2013, etc.). Une partie de ces recherches empiriques s’attachent à saisir la nature et la force du lien entre actions collectives d’une part et la capacité d’amplification, de coordination, de délibération et de mobilisations individuelle des citoyens à travers l’usage de leurs outils de communication6.
20De surcroit, la blogosphère selon les deux quotidiens a permis aux révolutionnaires de s’y exprimer sans se soucier de la censure. En effet, le cyberespace a fait table rase de toutes les frontières traditionnelles entre public, médias et source. L’apanage dont bénéficie chaque internaute est la capacité d’auto-publication. De cette façon, chaque utilisateur du Web 2.0 devient d’une manière ou d’une autre une personne virtuelle capable de produire et de diffuser des informations. Le « printemps arabe» s’est caractérisé par l’apparition d’un certain engagement politique via la toile. Ce sous-thème a été traité par les deux quotidiens qui ont évoqué l’efficience des blogs dans le déclenchement des révolutions arabes. En outre, les jeunes ayant été sur place ont filmé les manifestations et les accrochages avec les forces de l’ordre par le biais de leurs téléphones portables tout en donnant des commentaires personnels sur les faits. Cela a été bien évidemment suivi en temps réel par d’autres internautes qui n’ont pas hésité à s’exprimer sur ce qui se produisait dans le monde arabe. Dans le même ordre d’idées, la plupart des vidéos diffusées dans le Web ont été reprises par des chaînes de télévision telles Al-Arabia et Al-Jazeera. Des reprises non dénuées de sens car elles confèrent à la pratique journalistique citoyenne, qui n’est en réalité que de l’amateurisme, un aspect de professionnalisme.
21Outre cela, le quotidien tunisien et juste après le départ de Zine el-Abidine Ben Ali, n’a pas hésité à faire référence à l’importance du cyber-activisme pendant les révolutions arabes (35 occurrences). A contrario, Le MSM a certes fait allusion de façon superficielle à la question du cyber-activisme (03 occurrences seulement), mais sans puiser dans les détails vue sa ligne éditoriale pro-monarchique. Ainsi, les moyens de mobilisation sont désormais modernes. Les appels à manifester ont été postés sur la toile. Cette dernière est utilisée tel un outil permettant d’informer et de convaincre.
22Le journalisme citoyen durant le « printemps arabe »
23 Le « printemps arabe » n’a pas cessé de surprendre le monde entier par son imprévisibilité mais surtout par l’arsenal des Technologies de l’Information et de la Communication ayant été déployées pour aboutir aux buts désirés. Parmi les techniques utilisées durant les révolutions arabes, La Presse de Tunisie attire notre attention sur la blogosphère ainsi que sur les blogueurs qui s’y exercent afin de répandre l’information et la vérité, dissimulées par les médias classiques, à grande échelle. Selon le quotidien tunisien, ces plateformes servaient d’espace où la liberté d’expression, autrefois étouffée, y trouve refuge. Grâce aux blogs, les activistes ont réussi à démentir les informations fallacieuses publiées par les médias officiels et à poster des vidéos ainsi que des articles sur les événements tels qu’ils se présentent sur le terrain. En d’autres termes, le quotidien représente les blogs comme des espaces de communication par excellence. De plus, le journal met en évidence la maltraitance que subissent les blogueurs une fois que les gouvernements totalitaires procèdent à leur identification.
24Dans pareil contexte, le journal tunisien ne nie pas que l’alliance entre les réseaux sociaux numériques et la blogosphère a contribué indéniablement à la chute des régimes politiques autocratiques, dans la mesure où ces plateformes sont l’expression de la force de tous les peuples arabes et maghrébins ainsi que leur volonté d’imposer la démocratie. A cet égard, le discours entrepris par La Presse de Tunisie met en surface l’idée selon laquelle les blogs (46 occurrences) ont permis aux révolutionnaires d’alimenter leur révolution, et ce en transformant leurs blogs en des espaces d’échange, de partage et de dénonciation. Toujours est-il que ces plateformes servaient de substitut à une presse contrôlée et filtrée : « La jeunesse tunisienne et les exclus du système ont pu exprimer leur désarroi et contrer une presse muselée et bâillonnée»7. En effet, les jeunes révolutionnaires arabes, en s’appuyant sur les blogs afin de critiquer les tars des régimes politiques despotiques en place, deviennent en quelque sorte des journalistes citoyens tenant à représenter les faits biaisés par les autorités. Par ailleurs, le quotidien tunisien a souligné que les révolutions arabes ont été amplifiées via l’utilisation des blogs, des micro-blogs, des réseaux sociaux numériques et aussi des téléphones portables reliés à Internet 3G. Il est certain que ces outils ont favorisé la publication en temps réel des événements qui se produisent sur le terrain sans attirer pour autant l’attention des gouvernements autocratiques. Ces derniers s’étaient vus obligés de bloquer ces sources d’information afin de maintenir l’ordre dans les différents pays arabes :
« Il a demandé à ses sympathisants de transmettre rapidement le message en rappelant que le site de micro-blogs Twitter, très utilisé par les manifestants, était bloqué depuis avant-hier. Outre Twitter, le site Internet suédois Bambuser, qui permet de visionner directement « en flux » sur l'Internet des vidéos filmées par téléphone mobile ou Webcam, est bloqué. Concernant Facebook, des utilisateurs ont fait état de problèmes ponctuels d’accès8 ».
25De surcroît, le quotidien tunisien confère aux blogueurs le titre de militants œuvrant à imposer les principes de la démocratie et de la liberté, et ce en dépit de la répression dont ils étaient victimes. La Presse de Tunisie n’a pas cessé de faire allusion directe aux différentes agressions et offenses que subissaient les blogueurs arabes et maghrébins lors du déclenchement du « printemps arabe ». Dénoncer les régimes en place était prohibé et s’y attaquer est considéré comme un délit. En effet, les blogueurs tels Slim Amamou, Lina Ben Mhenni, Razan Ghazzawi représentent des emblèmes d’une génération dite Y (Dudezert et al., 2008), des jeunes ayant un engouement important pour la liberté et pour la démocratie. L’instauration d’une certaine conscience collective, leur a coûté de longues années de travail9. Cependant, et selon le discours du quotidien tunisien lesquels blogueurs ont été en proie à des répressions sans précédent durant le « printemps arabe » 2011 : « Les blogueurs égyptiens ont été à de multiples reprises visés par des mesures répressives ces dernières années. Le soulèvement populaire qui a renversé Hosni Moubarak le 11 février est intervenu après un appel à la mobilisation lancé par des jeunes sur Internet, aujourd'hui encore très actifs pour réclamer plus de démocratie »10.
26D’un autre côté, les blogs ont joué le rôle d’un manuel expliquant la manière avec laquelle les cyberdissidents peuvent esquiver la censure pour demeurer connectés et par conséquent rallier les autres internautes autour d’un seul objectif convoité. Afin de corroborer nos propos, nous citerons l’exemple d’Ahmad Hadifa, blogueur syrien, dont l’histoire a été évoquée par le quotidien tunisien : « Le blog d'Ahmad explique notamment comment contourner la censure de sites bloqués par les autorités et présente des articles sur les révolutions qui ont éclaté en Tunisie et en Egypte et la possibilité de contagion à d'autres pays de la région, selon le communiqué »11.
27Bref, la blogosphère a été perçue lors de l’année 2011 comme une plateforme de communication et de partage sans précédent. En effet, les blogs se sont transformés rapidement en des substituts aux médias classiques, qui, sous la pression, étaient dans l’obligation de dissimuler la réalité des faits. Alors la blogosphère a réussi à maintenir les peuples arabes et maghrébins informés durant une période de troubles exceptionnelle. A ce propos, nous pouvons dire que les blogs ainsi que les réseaux sociaux numériques ont permis de générer, ce qui est connu sous le nom d’intelligence collective (Malone et al. 2009). La Presse de Tunisie n’a pas cessé d’évoquer le rôle indéniable que les blogs ont joué lors du « printemps arabe » de 2011 notamment dans la chute de deux régimes politiques despotiques à savoir celui de Ben Ali et de Hosni Moubarak.
28Dans le même sens et loin de tomber dans un déterminisme technologiste exacerbé, il est toutefois important de reconnaître le rôle joué par « le web social » (Millerand, Proulx, Rueff, 2010) dans la configuration d’une nouvelle logique communicationnelle (Habermas, 1987) instaurant de nouveaux modes de sociabilité et qui restructure l’architecture du vivre-ensemble. L’engouement pour l’internet tient à sa capacité à offrir une panoplie d’espaces de rencontres, d’échanges, de débats, mais aussi de revendications et de protestations sociales12.
29Concernant le quotidien marocain, Le MSM, il met en avant, mais d’une façon non exhaustive (12 occurrences), la place ayant été occupée par la blogosphère durant les soulèvements arabes. Les blogs ont été représentés durant le « printemps arabe » telle une plate-forme favorable d’échange et de publication des points de vue variés sur les protestations qu’a connues le monde arabe. En outre, quotidien marocain n’a pas conféré pas beaucoup de crédit à cette nouvelle forme de journalisme ayant commencé à faire son émergence via la toile. Cette pratique demeurerait intruse aux règles éthiques du journalisme professionnel. En effet, le quotidien marocain durant toute sa couverture des faits du « printemps arabe » a toujours montré la place importante que les blogs et les Weblogs ont jouée dans la publication des informations, non diffusées par les médias classiques aux ordres. En addition, les blogs ont permis, selon le quotidien, de relayer directement tout ce qui se déroule sur le terrain sans attribuer pour autant à cette pratique ‘citoyenne’ la dénomination de ‘journalisme citoyen’.
30Par ailleurs, conscientes de la grande influence des blogs sur la population, les autorités, comme c’est le cas pour les réseaux sociaux numériques, ont mis en œuvre des procédures draconiennes en procédant au filtrage sélectif d’Internet. Cependant et en dépit de ces mesures prises par les régimes politiques en place, les internautes recouraient aux proxys et demandaient régulièrement l’expertise d’autres pays arabes afin d’éviter tout filtrage. Désormais, la révolution se fait sur le Net et dans la rue. Par ailleurs, les manifestations qui se font d’une manière traditionnelle, revendication les droits dans la rue, sont souvent sujettes à de violentes répressions.
31En somme, la blogosphère, selon Le Matin, représente aux yeux des révolutionnaires arabes un espace de communication, de critique et de dénonciation des iniquités et des répressions exercées pas les régimes politiques en place. Toujours est-il que les Weblogs ont réussi là où les médias traditionnels ont échoué. La blogosphère a joué un rôle de relais de tout ce qui se produit sur le terrain de la révolution. Mais malgré cela, le quotidien marocain n’a pas prêté beaucoup d’importance à cette pratique, dans la mesure où elle ne serait pas digne des règles du journalisme professionnel. Mais il est à noter que les gouvernements despotiques, une fois conscients que la lumière provenait de la toile ont commencé à recourir au filtrage du Web 2.0 et à la répression des cyberdissidents œuvrant à rallier les révolutionnaires autour d’une seule cause commune.
Les figures emblématiques du cyber-activisme
32Cette catégorie révèle de grandes divergences entre les deux quotidiens. L’analyse de contenu que nous avons menée, nous a permis de noter une grande différence au niveau de l’évocation des acteurs symbolisant la révolution numérique. Chaque journal a opté pour des symboles de contestation différents via la toile, mais l’idée véhiculée à travers l’évocation des acteurs emblématiques demeure identique :
33-Waël Ghonim : Cette figure de proue de la blogosphère égyptienne a été évoquée par La Presse de Tunisie (04 occurrences) et par Le Matin du Sahara et du Maghreb (04 occurrences). Né le 23 décembre 1980 au Caire, Waël Said Abbas Ghonim est rapidement devenu l’un des symboles influents de la révolution égyptienne, raison pour laquelle il a été évoqué par notre corpus. Aujourd’hui, résidant à Dubaï, aux Emirats arabes unis, Waël Ghonim n'est sorti qu'à de rares exceptions de son silence pour commenter la politique égyptienne13.
34-Slim Amamou : Slim Amamou est un cyber-activiste tunisien qui s’est opposé avec véhémence au régime de Ben Ali. En effet, ce blogueur représente l’exception, dans la mesure où il a occupé le poste de secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports après la fuite de l’ex-président tunisien. Après sa démission, le 25 mai 2011, il est resté actif au sein du petit Parti pirate et surtout sur Twitter14. Cet emblème de la blogosphère tunisien a suscité l’intérêt de La Presse de Tunisie (07 occurrences) mais il n’a pas été évoqué à aucun moment par Le MSM.
35-Lina Mhenni : Figure emblématique du cyber-activisme tunisien, Lina Ben Mhenni est née le 22/05/1983. Elle a participé activement aux mouvements révolutionnaires tunisiens et a œuvré à propager ses idées de changement sur son blog. Actuellement, elle est toujours active au sein de la société civile et sur son blog15. Ce professeur d’anglais à l’Université de Tunis a incité La Presse de Tunisie (04 occurrences) à évoquer son rôle en tant que cyberdissidente. Par contre le quotidien marocain n’y a pas fait référence.
36-Razan Ghazzawi : Figure de la révolution numérique syrienne, Razan Ghazzawi est âgée de 31 ans et possédant un blog à travers lequel elle critique la politique du dirigeant syrien Bachar Al-Assad, raison pour laquelle elle a été incarcérée et jugée pour avoir affaibli le sentiment national. Actuellement, Ghazzawi publie des articles sur son blog16. Ce symbole de la révolution syrienne a été évoqué par Le MSM (04 occurrences) alors que La Presse de Tunisie n’y a pas fait référence.
37-Maïkel Nabil : Jeune cyber-activiste égyptien, Maïkel a été condamné le 10 avril 2011 par un tribunal militaire à trois ans de prison pour avoir critiqué le recours de l’armée égyptienne à la force face aux manifestants sur la place Tahrir et parlé de son objection au service militaire. Après dix mois en prison et une grève de faim il a été gracié. Cette figure du cyber-activisme égyptien ne publie plus d’articles sur son blog17 depuis mai 2013, cependant Maïkel Nabil est toujours actif sur Twitter18. A cet égard et concernant cette figure de la révolution égyptienne, nous pouvons dire que les quotidiens maghrébins y ont fait référence (Le Matin 03 occurrences et La Presse de Tunisie 05 occurrences).
Analyse comparative de La Presse de Tunisie et du MSM
38L’analyse de contenu effectuée sur les articles de notre corpus, nous a permis de mettre en surface l’idée selon laquelle les mouvements révolutionnaires arabes sont une conséquence évidente de la dictature exercée par les différents gouvernements despotiques. Un tel constat, selon les deux quotidiens maghrébins ne pourrait que donner naissance à des mouvements révolutionnaires subversifs. Les deux journaux ont assidûment fait référence au despotisme et à l’obscurantisme des dirigeants arabes ainsi qu’à la tyrannie (La Presse de Tunisie 29 fois et Le Matin 12 fois) des dirigeants arabes afin de mettre l’accent sur le manque de dignité collective dont souffrent les citoyens arabes et maghrébins. Alors, nous pouvons dire que les deux quotidiens sont dominés par leur position sur l’aspect sociopolitique au sein des pays arabes durant cette période de turbulence. Cette dimension est présente de façon significative dans Le Matin (37.05%) et dans La Presse de Tunisie (22.08%). Les discours adoptés par notre corpus à l’égard de la thématique sociopolitique mettent l’accent sur plusieurs ressemblances mais aussi sur plusieurs différences. Au demeurant, les deux journaux attirent notre attention sur les méfaits des régimes politiques dictatoriaux sur la société, sur la prospérité des pays arabes et aussi leur impact négatif sur l’instauration des principes de la démocratie. Encore faut-il ajouter que la position des deux quotidiens maghrébins est subjective notamment lorsqu’il s’agit de faire la couverture des événements sociopolitiques des pays auxquels ils appartiennent. En effet, La Presse de Tunisie a préféré passer sous silence le déclenchement des soulèvements à Sidi Bouzid et a fait la couverture de quelques sujets anodins par rapport à ce qui se produit réellement sur le terrain. D’un autre côté, ce n’est qu’après le départ de Ben Ali que la couverture des faits du « printemps arabe », par le quotidien tunisien, commence à devenir de plus en plus objective. Pour ce qui est du quotidien marocain sa position reste ambivalente puisqu’il cherche par tous les moyens à critiquer les régimes arabes autocratiques tout en veillant à redorer le blason du régime marocain et à insister sur son caractère exceptionnel lors des révolutions arabes.
39De surcroît, le discours des deux quotidiens analysés accuse avec force les différentes politiques répressives des manifestations arabes. Toutefois, nous notons que les articles de notre corpus ne sont pas concernés de la même façon par le discours sur les conflits et révoltes. En effet, ceux de Le MSM ne sont dominés qu’à hauteur de 43.43% et ceux de La PT le sont à 58.95%. Ainsi, nous déduisons que certes les deux quotidiens maghrébins se sont intéressés aux révolutions ayant ravagé le monde arabe mais ont donné plus d’importance aux turbulences caractérisant les pays voisins sans s’intéresser pour autant aux mouvements contestataires émergeants dans les pays auxquels ils appartiennent. Un tel constat nous permet de dire que les deux journaux maghrébins tendent à détourner l’attention de l’opinion publique sur ce qui se produit en Tunisie et au Maroc. Par conséquent, le but est d’amener les récepteurs à se pencher de plus près sur l’actualité internationale sans se soucier de l’actualité nationale.
40Le traitement du rôle des (TIC) dans le déclenchement des mouvements révolutionnaires arabes par les deux quotidiens présente des similitudes tant au niveau quantitatif que qualitatif. Le thème pivot les (TIC) occupe le troisième et dernier rang des thèmes les plus traités par La Presse de Tunisie (18.97%) et par Le MSM (19.52%). En addition, les deux quotidiens proposent le même type de traitement et les mêmes centres d’intérêts, dans la mesure où les deux titres de presse traitent de la thématique des (TIC) durant les soulèvements arabes de manière superficielle.
41Dans une autre perspective, les deux titres de presse ont conféré peu d’intérêt au sous-thème d’Internet ainsi qu’à son rôle durant les mouvements révolutionnaires arabes. Par ailleurs, la similitude au niveau quantitatif nous permet de déduire que ledit sous-thème n’était pas une préoccupation axiale pour les deux quotidiens maghrébins, et ce contrairement aux journaux occidentaux ayant amplifié le rôle d’internet dans le déclenchement des révolutions arabes19. Par le biais de l’analyse de contenu que nous avons menée, nous avons remarqué que la fréquence du sous-thème d’Internet dans les colonnes de La Presse de Tunisie (5.31%) est à peu près identique par rapport au quotidien maghrébin Le MSM (4.47%). A partir des résultats obtenus, nous pouvons déduire que les deux journaux accordent le même degré d’importance au rôle d’Internet durant le « printemps arabe » de 2011. Cela serait dû au fait que les deux titres de presse étaient au cœur des faits et ont tenu à protéger les régimes politiques en place au lieu de s’intéresser aux causes de ces mouvements révolutionnaires. De plus, nous soulignons une ambivalence voire une contradiction flagrante présente dans le discours de notre corpus. Il est bien vrai que les deux quotidiens ont mis en surface le rôle incontournable des réseaux sociaux numériques dans la coordination des actions communes et dans la propagation rapide des révolutions dans le monde arabe, mais les différentes coupures ayant affecté les réseaux de télécommunications nous incitent à remettre en cause ce constat : comment les gens affluaient-ils sans cesse dans les rues de plusieurs pays arabes et maghrébins quand les réseaux de télécommunication étaient bloqués ?
42Cette question n’est pas dénuée de sens puisqu’elle dévoile la contradiction caractérisant le discours des deux quotidiens. Alors, nous pouvons dire que les réseaux sociaux numériques ne sont pas la cause principale du déclenchement des révolutions arabes : ils n’en sont que de simples vecteurs.
43Dans une autre perspective, le type d’information dominant dans les deux quotidiens maghrébins est : de dépêches (La presse de Tunisie : 76.54% et Le MSM : 87%). Sur ce point, nous pourrions dire que La Presse de Tunisie et Le MSM, vue leur ligne éditoriale pro-pouvoir, ont plutôt opté pour les articles diffusés par les agences de presse car ils n’ont pas les moyens d’envoyer des journalistes pour effectuer des reportages et des enquêtes sur le terrain. Autrement dit et en l’absence des journalistes de terrain les informations sont dans la majorité des cas dictées par le gouvernement.
44A partir de l’analyse effectuée, il s’est avéré que même les signatures externes figurant dans les colonnes des deux journaux sont filtrées et contrôlées. En effet, La Presse de Tunisie, avant que Ben Ali ne soit limogé, n’a évoqué aucune signature externe pointant du doigt les pratiques répressives exercées par le gouvernement tunisien. Ce n’est qu’après la fuite de l’ex-dirigent que La Presse de Tunisie a commencé à intégrer des signatures externes critiquant l’ancien gouvernement tunisien. Quant au MSM, il n’hésite pas à mettre en évidence des signatures externes vantant le modèle démocratique marocain et son gouvernement, un tel constat est bien porteur de sens, dans la proportion où il nous permet de dire que toute information diffusée par le journal marocain subit un contrôle méticuleux avant sa diffusion. Les deux quotidiens maghrébins analysés n’ont pas accordé de l’importance à ce type de traitement enquête et reportage ce qui montre qu’ils n’ont pas conjugué des efforts afin de mener des reportages et des enquêtes sur le terrain. Encore faut-il ajouter que le quotidien tunisien après le départ de Ben Ali s’est rattrapé en effectuant trois reportages durant la période analysée ce qui représente (01.32%) du corpus analysé et deux enquêtes représentant (0.88%) de l’ensemble des articles analysés. Pour ce qui est du discours journalistique du MSM, il pourrait être qualifié de subjectif, dans la mesure où le type d’information dominant est les dépêches d’agence (87%).
45Toujours est-il que le MSM, et vu sa ligne éditoriale (pro-pouvoir), va jusqu’à passer sous silence les tournants sociopolitiques marquant le Maroc afin d’éviter toute atteinte à l’ordre public. Le quotidien marocain s’intéresse également, à tous les soulèvements et pointe du doigt l’autocratisme des présidents arabes tout en veillant à faire du Maroc l’exception du « printemps arabe ». Le journal va même jusqu’à vanter les retombées positives des révolutions arabes sur la démocratie marocaine qui a su contenir la colère du peuple en lui promettant des réformes profondes et imminentes.
Conclusion
46En somme et à l’issue de l’analyse de contenu menée, nous sommes en mesure de dire que le traitement de la question du numérique lors du « printemps arabe » par les deux quotidiens reste superficiel, puisque ces derniers ont accordé plus d’importance à la force subversive des soulèvements et aux mutations sociopolitiques marquant les différents pays arabes et maghrébins. Autrement dit les deux titres de presse n’ont pas eu assez de recul par rapport aux faits, à cause de la mainmise de l’Etat sur les organes de presse, pour s’arrêter derrière les vraies causes ayant contribué à l’émergence de ces mouvements révolutionnaires.
47 Les deux journaux partagent un imaginaire ainsi que les grandes thématiques du débat quand il s’agit de rendre compte des révolutions arabes. Les deux colonnes journalistiques semblent être en accord en ce qui concerne les sujets à mettre en scène et proposent également des discours sur les mêmes thèmes. Nous l’avons vu de façon concrète dans le traitement du « printemps arabe ». Notre corpus met l’accent sur les mêmes champs relatifs aux soulèvements arabes (analyse thématique) et les traitent de manière presque identique (position, acteurs, genres journalistiques, etc.).
48Nous confirmons également l’ambivalence du discours des deux quotidiens sur le rôle du numérique durant le « printemps arabe ». Cette ambivalence ne se traduit pas de façon identique et ne se manifeste pas de la même manière mais elle caractérise une grande partie de notre corpus. En effet, cette ambivalence atteste, d’une part, de la complexité du sujet « printemps arabe » et, d’autre part, de la nature du traitement journalistique de ce sujet par deux journaux ayant des logiques divergentes et ayant assisté surtout à des mutations sociopolitiques d’envergure.
49Afin de mieux cerner les représentations du « printemps arabe » dans les deux quotidiens, nous nous sommes penchés sur les articles ayant traité de près ou de loin de la thématique des révolutions arabes 2010/2011. Ce choix s’est révélé judicieux, dans la mesure où il nous a permis de voir le traitement de ce sujet dans différents contextes, sous différents angles et durant différentes périodes. De plus, il nous a permis de mettre en évidence la nature de l’évolution des discours dans les deux quotidiens.
50Dans une autre perspective et après la chute du régime de Ben Ali, le paysage médiatique tunisien a connu maintes mutations avec notamment la l’émergence de journaux comme l’hebdomadaire Al-Fajr du parti Ennahdha, ou le quotidien El-Maghreb (Quotidien indépendant lancé par le journaliste Omar Shabou exilé pendant presque 10 ans en France). De plus, au 20 septembre 2011, 187 périodiques ont obtenu leur récépissé légal. À l’inverse, les quotidiens Le Renouveau et Al-Horriya organes de presse du RCD (ex-parti au pouvoir) ont tiré leur révérence. Ce fut aussi le sort de l’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE), longuement décriée par les journalistes et les défenseurs des droits de l’Homme et officiellement dissoute le 1er février 2011. À noter également une évolution considérable qui affecte tous les domaines de l’information et de la communication et qui consiste en la mise en place d’un nouveau code de la presse entré en vigueur le 4 novembre 2011. Parmi les principaux apports de ce code : le renforcement des droits et des garanties des journalistes, l’accès à l’information, la protection de la confidentialité des sources et la suppression de la peine privative de liberté en matière de diffamation20.
51A l’instar de la Tunisie, la presse écrite marocaine avait accompli des avancées, en insistant sur les trois projets de loi qui concernaient la presse et l’édition, le statut de journaliste professionnel et le Conseil national de la presse. Pour Reporters Sans Frontières (RSF), « ces textes présentent une certaine avancée notamment en ce qui concerne l’abandon des peines de prison pour les infractions de presse » (2015). Toutefois, dans ce même rapport, l’ONG regrette le fait que « La liberté de l’information reste entravée dans les textes et dans la pratique par des lignes rouges que sont la monarchie, l’islam et l’intégrité territoriale, ainsi que les interdictions de publication pour délit de blasphème […]. Plusieurs amendements sont nécessaires afin de respecter les standards internationaux en matière de liberté d’information »21.
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Notes
1 Dans notre contribution, nous utiliserons l’appellation «printemps arabe », dans la mesure où elle a été évoquée plus de 92 fois dans notre corpus. Certes, cette dénomination réfère de façon directe au printemps des peuples de 1848, printemps de Prague, etc. Mais aujourd’hui l’appellation s’est transformée en un cliché ressorti systématiquement par les médias à chaque fois qu’il y a des soulèvements populaires à connotation démocratique. « Les médias s’étaient alors saisis de cette expression lyrique ; ils se sont empressées de faire de même début 2011. D’ailleurs, les journalistes avouent et reconnaissent coupables du crime de cliché. « Le printemps des peuples » est devenu une expression journalistique un peu facile, ressortie dès qu’il y a un signe de soulèvement populaire à connotation démocratique ». URL : http://www.slate.fr/story/34563/printemps-peuples-revolutions-arabes, consulté le 31/08/2014.
2 Actuellement le Maroc vit sous la pression de plusieurs manifestations quotidiennes violentes secouant la région du RIF, et ce depuis sept mois. Dans son numéro du 31 mai 2017, Maroc Hebdo parle même d’un certain « printemps du Rif ». URL : http://www.maroc-hebdo.press.ma/printemps-dal-hoceima/ , consulté le 14 juin 2017.
3 Voir la bibliographie. AMSIDDER A, DAGHMI F, TOUMI I., (2012), TOUMI I., TOUMI F., DAGHMI F, AMSIDDER (2013).
4 En octobre 2011, le tirage moyen du quotidien « La Presse de Tunisie » était de 28968 exemplaires dont 16721 ont été vendus (chiffres puisés du Rapport Général de l’Instance Nationale pour la Réforme de l’Information et de la Communication) 2012, page 53. Concernant, le tirage moyen du MSM en 2011 était de 41875 dont 15640 ont été vendus (chiffres OJD 2011).
5 Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, marchand ambulant se voyait confisquer sa charrette et sa marchandise par la police. Quelques heures après, Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu devant la préfecture de Sidi Bouzid. L'événement était l’étincelle ayant déclenché la révolte tunisienne.
6 DAGHMI F, « Des processus de changement aux nouveaux liens sociaux », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 6 | 2015, mis en ligne le 23 janvier 2015, consulté le 14 juin 2017. URL : http://rfsic.revues.org/1366 ; DOI : 10.4000/rfsic.1366
7 Abdel Aziz Hali. op.cit. 13/02/2011.
8 AFP, Plus de 500 arrestations suite à de violentes manifestations, La Presse de Tunisie, 27/01/2011.
9 Mounir Bensalah. op.cit. p.17
10 AFP, Pour avoir critiqué l’armée trois ans de prison pour un blogueur, La Presse de Tunisie, 12/04/2011.
11 AFP, Libération d’un jeune blogueur arrêté samedi, La Presse de Tunisie, 25/02/2011.
12 Sihem Najar (dir.), Les nouvelles sociabilités du Net en Méditerranée, IRMC-Karthala, 2012, p.11.
13 Le Monde. URL : http://www.lemonde.fr/proche-orient/portfolio/2014/01/14/que-sont-devenues-les-figures-des-printemps-arabes_4347927_3218.html . Consulté le 14 juin 2017.
14 Profil Twitter : https://twitter.com/slim404?lang=fr, consulté : le 14 juin 2017.
15 Blog : http://atunisiangirl.blogspot.com/, consulté : le 14 juin 2017.
16 Blog : https://razanghazzawi.org/, consulté : le 14 juin 2017.
17 Blog : http://blogs.timesofisrael.com/author/maikel-nabil/, consulté : le 14 juin 2017.
18 Profil twitter : https://twitter.com/maikelnabil, consulté : le 14 juin 2017.
19 TOUMI Farid, AMSIDDER Abderrahmane, TOUMI Issam, « Printemps arabe et presse écrite française : quelles représentations ? Cas du Figaro et du Monde », In French Journal For Media research, no.1/2014. www.frenshjournalmediaresearch.com.
20 Zeineb Touati, « La révolution tunisienne : interactions entre militantisme de terrain et mobilisation des réseaux sociaux », L’Année du Maghreb [Online], VIII | 2012, Online since 01 January 2013, connection on 14 June 2017. URL : http://anneemaghreb.revues.org/1426 ; DOI : 10.4000/anneemaghreb.1426
21 Mohamed Naimi, « Liberté de presse écrite au Maroc : L’évolution au regard de l’évaluation », L’Année du Maghreb [Online], 15 | 2016, Online since 21 December 2016, consulté le 14 juin 2017. URL : http://anneemaghreb.revues.org/2786 ; DOI : 10.4000/anneemaghreb.2786.
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