La place des candidates aux élections municipales dans les médias écrits du Québec : représentations médiatiques différenciées selon le genre
Résumé
Cet article analyse les représentations médiatiques des candidates de la scène politique municipale québécoise au sein des médias écrits, lors de la campagne électorale de 2017 et démontre qu’il existe une distinction quantitative entre les représentations médiatiques des candidats et des candidates de la scène municipale, en faveur des candidats.
Abstract
This article analyzes media representations of female candidates as they appear in the print media during the Québec 2017 municipal election campaign. It also shows that there is a quantitative difference in the media representations between male candidates and female candidates, on the municipal level, in favor of the male candidates.
Table of content
Full text
Introduction
1Cet article présente les résultats d’une recherche portant sur les représentations médiatiques des candidates lors des élections municipales s’étant déroulées à l’échelle de la province du Québec, à l’automne 2017. Ces résultats sont issus du projet de recherche Les représentations médiatiques des femmes aux élections municipales1, fruit d’un partenariat établi entre une équipe de recherche de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et la Table de concertation des groupes de femmes de la Montérégie (TCGFM)2, en collaboration avec le Service aux collectivités de l’UQAM3 4. Si le projet de recherche dans son ensemble adopte conjointement les angles quantitatifs et qualitatifs, ce sont les résultats quantitatifs de l’étude que nous présentons dans cet article afin de réaffirmer qu’il subsiste toujours une disproportion basée sur le genre en ce qui a trait à l’espace médiatique occupé par les politiciens et politiciennes de la scène municipale.
2Dans cette contribution, nous documentons ainsi la couverture journalistique des candidats et candidates aux mairies et aux conseils municipaux dans les journaux écrits francophones, et questionnons le biais de genre qui la caractérise. Afin d’étudier cette problématique dans une optique quantitative face à la réalité du Québec, nous présentons et discutons les résultats liés au questionnement suivant : dans quelle proportion les candidates aux postes de mairesses et de conseillères municipales sont-elles représentées dans les journaux québécois pendant la campagne électorale municipale de 2017 ? Les résultats présentés démontrent qu’il existe une distinction quantitative entre les représentations médiatiques des candidats et candidates de la scène municipale au Québec, en faveur des candidats.
Présentation de la recherche
3Afin de mesurer la représentation médiatique des candidates municipales aux élections de l’automne 2017, nous avons retenu comme méthode de recherche l’analyse de discours médiatique dans le cadre de notre projet. Nous avons procédé à une analyse différenciée selon le genre, ce qui nous a permis de comparer la couverture médiatique de ces femmes politiques à celle des hommes. C’est dans cette optique que chaque article du corpus a été analysé, afin d’obtenir la fréquence associée à des indicateurs précis, notamment le nombre de fois que les candidates ou les candidats étaient représentés dans un article, leur place au sein de l’article (acteur ou actrice de premier plan, secondaire ou tertiaire), le nombre de prises de parole (directes, reformulées ou analysées), la description du comportement au sein de l’article (comme sujet ou objet d’action), les étiquettes d’identification (neutres, positives ou négatives) et le format de l’article (longueur de l’article, présence ou non d’image, etc.). Pour la recension des articles, nous avons ciblé la période électorale municipale de l’automne 2017, de sa première journée au lendemain du jour du scrutin (soit du 22 septembre au 6 novembre 2017). Afin de délimiter notre échantillon, nous avons délaissé la presse anglophone et avons exclusivement porté notre attention aux articles issus de la presse écrite francophone du Québec. Notre échantillon est constitué de journaux communautaires, c’est-à-dire des périodiques « à but non lucratif, enracinés dans leur communauté » (Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2017, p. 1) et de journaux d’appartenance privée. Bien qu’ils obéissent à des logiques éditoriales et à des principes différents, nous avons fait le choix d’analyser à la fois les journaux communautaires et d’appartenance privée puisqu’il s’agit des deux types de médias journalistiques écrits dont le contenu est pourvu de cadres particuliers et soutenu par des groupes associatifs (Association des médias écrits communautaires du Québec, 2019 ; Association des journalistes indépendants du Québec, 2019 ; Fédération professionnelle des journalistes du Québec, 2019). Comme les élections municipales se sont déroulées simultanément dans l’ensemble des municipalités du Québec, nous avons sélectionné des journaux de deux municipalités de plus de 300 000 habitants (Montréal et Québec), de trois municipalités dont la population se situe entre 100 000 et 300 000 habitants (Longueuil, Trois-Rivières et Saguenay) et de trois municipalités de moins de 100 000 habitants (Rivière-du-Loup, Lac-Mégantic et Repentigny). En sélectionnant des villes de tailles variées, dispersées à travers le Québec, nous présentons une diversité de réalités municipales québécoises. Au total, l’ensemble des articles traitant de la campagne électorale de 19 quotidiens a été analysé dans le cadre de ce projet et nous avons recensé 1 110 articles dont 253 étaient des chroniques, c’est-à-dire des textes d’opinion.
Quelques éléments de contexte : genre, politique et médias
4La réalité politique municipale québécoise se problématise en fonction de la question du genre et différentes études ont montré ses liens avec la médiatisation des femmes politiques.
La réalité politique municipale des femmes au Québec
5Les terrains empiriques politiques de chaque pays se distinguent fondamentalement les uns des autres et le Canada n’y fait pas exception (Gingras et Maillé, 2018) ; « Tant au palier fédéral, provincial que territorial, des élections se tiennent en principe tous les quatre ans, et il n’y a qu’une seule chambre législative à élire au palier fédéral » (ibid., p.325). Bien qu’une certaine progression se soit fait sentir depuis les années 1980, la représentativité des femmes au sein des instances politiques s’avère toujours inéquitable et, comme le souligne Briggs (2000), de nombreuses études ont documenté cette réalité. Si le Canada se classe au 18e rang de l’indice mondial d’égalité des genres, on ne répertorie que 12 premières ministres dont une seule au palier fédéral, et une vingtaine de femmes chefs de partis (ibid.). Occupant relativement peu de place au sein des études électorales, les scrutins municipaux ont « longtemps été considérés, à tort, comme plus accessibles aux femmes » (Mévellec et Tremblay, 2016, p.20). Au Québec, les conseillères municipales représentent 32,3 % des élues à ce poste alors que seulement 18,8 % des mairies sont dirigées par des femmes dans la province canadienne (Laberge et al., 2018). Le municipal composant un milieu principalement masculin, quelle réalité attend les femmes qui travaillent à s’y tailler une place ?
6Au Québec, il faudra attendre jusqu’en 1968 dans les cités et villes, jusqu’en 1970 à Montréal et, jusqu’en 1974 dans les municipalités régies par le Code municipal pour que le suffrage municipal devienne universel « c’est-à-dire que non seulement le domicile remplace les exigences de propriété et de location, mais qu’en outre est abandonné tout critère distinctif en fonction du genre » (Mévellec et Tremblay, 2016, p.46) et que les femmes soient éligibles aux mandats politiques sans contrainte particulière (Baccigalupo, 1990). Bien que l’éligibilité ne constitue plus une barrière à l’accessibilité des femmes en politique municipale, il en va autrement en ce qui a trait au recrutement des candidates (Mévellec et Tremblay, 2016). Comme le précisent Young et Everitt (2004), faire le saut en politique nécessite un capital de ressources, actuellement distribuées inéquitablement au sein de la population en raison des clivages culturels, socioéconomiques et politiques (Mévéllec et Tremblay, 2016, p.47). Les ressources qui composent ce capital sont de nature matérielle et immatérielle et, selon Mévellec et Tremblay (ibid., p.47), le genre serait un des critères qui « influe sur le capital des ressources associées à une carrière en politique ». En effet, comme la politique s’avère un espace de performativité masculin, les femmes sont moins enclines que les hommes à se percevoir comme de potentielles politiciennes.
7Des conseillères municipales montréalaises interrogées au cours d’une enquête qualitative (Briggs, 2000) confirment que plusieurs obstacles nuisent à la participation des femmes en politique municipale en les décourageant à s’y investir. D’une part, l’étude montre que la rémunération jugée insuffisante par rapport aux responsabilités encourues s’impose comme un frein, surtout couplée aux responsabilités personnelles et familiales de certaines. D’autre part, les politiciennes municipales doivent également faire face aux attitudes et comportements parfois sexistes de leurs collègues masculins (ibid.). À ce propos, Tremblay (1996) établit que les expressions du sexisme avec lesquelles doivent composer les mairesses jouent d’influence sur leur estime personnelle, en plus de dénigrer leur identité et leurs idées (ibid.). Comme l’observe Briggs (2000), ces comportements sexistes poussent même certaines femmes à quitter la politique municipale.
Présence des femmes en politique : le rôle des médias
8Comme le soulignent Anne-Marie Gingras et Chantal Maillé (2018, p.333), jusqu’au début des années 1990, on attribuait majoritairement l’utilisation de stéréotypes genrés dans la couverture médiatique des politiciennes « au caractère masculin de l’univers politique et de la culture misogyne ambiante, faisant des médias en quelque sorte des variables dépendantes ; ceux-ci reproduisant les stéréotypes de genre existants ». La thèse de la médiation genrée a opéré une transformation posant les médias comme intermédiaires dans la constitution de la représentation publique des femmes politiques. « Dès lors, les médias ont été perçus comme des variables indépendantes contribuant pleinement à la dévalorisation politique des femmes » (ibid., p.333).
9Le Conseil du statut de la femme du Québec (2018) positionne lui aussi les médias comme un obstacle central à la participation des femmes à la vie politique, aux côtés de facteurs tels la socialisation différenciée des filles et des garçons, le partage inéquitable du travail domestique et familial, le manque de moyens financiers et la culture au sein des instances politiques. Intermédiaires entre le monde politique et les citoyens, les médias occupent une place centrale quant à la formation de leur image de politiciennes. Ils contribuent à la formation de l’opinion politique de la population en transmettant la nouvelle, mais avant tout, « en la choisissant, en la construisant et en lui donnant un sens » (Tremblay, 1999, p.206). De plus, la possibilité d’être médiatisé confère aux personnes cherchant à occuper une position politique un avantage majeur, puisque la population est plus encline à appuyer un candidat qui leur a été présenté à travers les médias et qui leur est conséquemment familier (Hopmann et al. 2010; Wagner et al., 2017).
Représentations journalistiques des femmes politiques : portrait actuel
10Comme l’exposait Tremblay (1999) au début du siècle à travers une recension des écrits, le traitement différencié dont font l’objet les politiciennes dans les médias est démontré par un nombre important de travaux (l’auteure mentionne Huddy et Terkildsen, 1993 ; Kahn, 1993, 1994 ; Matland, 1994 ; Robinson et Saint-Jean, 1991, 1995 ; Gingras, 1995 ; Tremblay et Bélanger, 1997). La littérature scientifique des dernières années confirme qu’il subsiste toujours un biais de genre important en faveur des politiciens au sein des médias écrits (Wagner, 2014 ; Ross et al., 2013 ; Gingras, 2014 ; Tolley, 2016 ; Lalancette, Drouin et Lemarier-Saulnier, 2014 ; Lemarier-Saulnier et Lalancette, 2012 ; Matoni et Lévêque, 2014).
11Le palier municipal apparaît comme le parent pauvre de la littérature concernant la représentation journalistique des femmes politiques, et de la sociologie électorale en général (Mévellec et Tremblay, 2016). La couverture du monde municipal par les médias écrits n’est pourtant pas exempte de biais de genre. En effet, les travaux de Wagner (2014) en brossent un portrait assez négatif, à partir de l’analyse de la présentation des élections municipales albertaines (Canada) de 2007 dans différents journaux. Wagner relève l’usage de la métaphore sportive pour dépeindre la période électorale, et montre que les politiciennes y seraient représentées comme des compétitrices viables, mais dans une moindre mesure que les politiciens, ces derniers étant davantage enclins à « gagner » la « course » au conseil. Au final, l’auteure conclut qu’un billet de genre réside dans la façon dont les journalistes mettent en scène l’information en période électorale municipale.
12Les sphères provinciales et nationales, quant à elles, s’avèrent largement plus étudiées et les conclusions auxquelles arrivent les auteurs nous permettront de faire des ponts avec nos propres résultats. Effectivement, plusieurs études se sont attardées à comprendre et à mesurer la couverture médiatique entourant les femmes politiques des scènes nationale ou provinciale. C’est le cas de Ross et al. (2013), dont la recherche comparative au sujet de la représentation journalistique des candidatures aux élections générales britanniques de 2010 révèle que les femmes politiques, tant au niveau de la fréquence que du contenu des articles recensés, sont défavorisées au détriment des candidats masculins. Elles y sont moins souvent présentées ou citées, même pour les femmes occupant un poste de chef de parti (Ibid.). De plus, c’est davantage en regard de leur genre que de leurs habiletés politiques qu’elles font l’objet de médiatisation (Ibid.). A contrario de cette recherche, plusieurs études soutiennent que la visibilité des femmes en politique fait moins problème (Gingras et Maillé, 2018 ; Sreberny-Mohammedi et Ross, 1996 ; Smith, 1997 ; Goodyear-Grant, 2013 ; Tramblay, 2014). Les travaux de Sreberny-Mohammedi et Ross (1996) au sujet de la perception qu’ont les femmes élues membres du parlement britannique de la couverture médiatique les concernant nuancent la thèse de la médiation genrée en présentant que les députées perçoivent susciter plus fréquemment l’attention des journaux écrits et télévisés que les députés. Plusieurs recherches américaines et canadiennes y font écho et montrent même que certaines leaders ou candidates font l’objet d’autant, sinon de plus d’attention que leurs homologues masculins dans la presse écrite (Gingras et Maillé, 2018 ; Bystrom, Robertson et Banwart ; 2001 ; Bystrom, 2004 ; Lawrence et Rose 2010 ; Trimble 2007). L’étude de Smith (1997) s’attarde à cet effet à la couverture journalistique de onze des 17 candidates au Sénat américain et montre que les hommes et les femmes jouissent d’une visibilité similaire au sein des médias écrits et que les iniquités genrées observées s’avèrent anecdotiques. Au Canada, les résultats de l’étude plus récente de Goodyear-Grant (2013) corroborent ceux de Smith en ce qui concerne l’absence de différence quantitative quant à la visibilité des candidats et des candidates au sein des médias, mais présentent toutefois les médias comme partiellement responsables du « faible taux de féminisation de la politique canadienne » (Tremblay, 2014, p. 262). L’auteure (ibid.) établit que la couverture médiatique associée aux candidats et candidates demeure genrée puisqu’elle se nourrit davantage de l’apparence physique et de la vie personnelle des femmes que de celles des hommes. L’étude de Trimble et al. (2013) fait écho à ces résultats en montrant, à partir de l’étude de 2463 articles du Globe and Mail (Toronto, Canada) parus entre 1975 et 2012, que la couverture médiatique des candidates aux courses à la chefferie de partis politiques nationaux canadiens intègre un niveau de personnalisation plus élevé que celle des candidats. L’attention y est effectivement plus centrée sur la vie privée et les traits personnels des femmes que des hommes politiques.
13Au Québec, les résultats des travaux d’Anne-Marie Gingras (2014) s’attachent également à la course à la chefferie, mais cette fois d’un parti de la scène politique provinciale de la province canadienne. À partir de l’analyse de quatre quotidiens québécois, cette chercheuse met en avant que le genre, mais également l’âge et la classe sociale, tout comme l’orientation sexuelle, sont des dimensions identitaires qui influencent de manière concomitante la médiatisation dont font l’objet les personnalités politiques (Ibid.). Tout comme Gingras (2014), Tolley (2016) s’attarde à l’imbrication de divers axes d’oppression, dont le genre, pour montrer cette fois la tendance des médias écrits de 18 pays de langue anglaise à présenter d’abord l’appartenance ethnoculturelle ou de genre des politiciennes avant de les introduire comme actrices du palier politique fédéral. Lalancette, Drouin et Lemarier-Saulnier (2014), qui s’intéressent au traitement médiatique accordé aux candidats et candidates de neuf courses à la chefferie de partis politiques au sein des journaux et magazines d’actualité québécois et francophones, corroborent l’incidence du genre sur la couverture médiatique entourant les politiciens et politiciennes, et le désavantage que cela induit pour les femmes. En effet, cette recherche montre que la couverture médiatique associée à la campagne intègre des doubles standards quant à la manière de présenter les vies privées des candidats et candidates. Elle révèle que, lorsqu’il s’agit de politiciennes, plus souvent que lorsqu’il s’agit de politiciens, les articles font état des qualités personnelles et de la vie privée de la personne. Basées sur la représentation de onze femmes rattachées à des partis politiques fédéraux ou provinciaux canadiens dans différents journaux et périodiques largement diffusés à l’échelle nationale, Lemarier-Saulnier et Lalancette (2012) en arrivent même à la conclusion que cette médiatisation de la vie privée des politiciennes s’institue comme un obstacle supplémentaire à leur engagement politique. C’est également ce que présentent Matoni et Lévêque (2014), qui analysent une série d’articles issus des principaux news magazines et de la presse généraliste française, publiée entre 2006 et 2013, au sujet des courses à l’investiture présidentielle de la république. Ces chercheuses postulent qu’en contribuant à renforcer l’image du rôle présidentiel comme étant « masculin, hétérosexuel, blanc et bourgeois imposé par l’histoire et le droit » (Ibid., p.20), les médias s’érigent en obstacle pour les femmes souhaitant accéder à ce poste de pouvoir.
14Au final, comme le mentionnent Gingras et Maillé (2018) les récriminations que dressent les études composant la littérature canadienne et québécoise au sujet de la couverture médiatique des politiciennes ont trait 1. à leur manque de visibilité par rapport aux politiciens, 2. à l’intérêt porté à leur physique, 3. à leur vie privée, 4. à leurs rôles traditionnels féminins et 5. aux propos sexistes à leur sujet. Toutefois, il apparaît que très peu d’études ont été consacrées à la médiatisation des politiciennes de la sphère municipale et, en ce qui concerne leur représentation dans les journaux écrits, nous n’avons pu recenser que l’étude réalisée en Alberta (Canada) de Wagner (2014). En l’absence d’étude en contexte québécois, et considérant l’effet néfaste de la représentation médiatique des femmes sur leur engagement politique qu’ont su pointer différentes études (Le Conseil du statut de la femme du Québec, 2018 ; Lemarier-Saulnier et Lalancette, 2012 ; Lalancette, Drouin et Lemarier-Saulnier, 2014), la pertinence de mieux déterminer la représentation médiatique des candidates municipales dans les médias écrits se confirme.
La couverture médiatique des femmes candidates aux élections municipales québécoises : une couverture genrée
15Avant de présenter les résultats de la recherche, nous précisons que différents contextes particuliers ont pu influencer la composition du corpus d’articles. D’une part, les maires sortants et mairesses sortantes briguant à nouveau les mairies durant la campagne ont fait l’objet d’une attention médiatique quantitativement supérieure aux autres candidats et candidates. Nos observations confirment ce qui était déjà observé dans la littérature : le statut (prétendant ou titulaire d’un poste) affecte le traitement médiatique des candidats politiques (Jalalzai, 2006 ; Kahn, 1994). Aussi, au-delà de leur genre, nous remarquons que les candidates et candidats aux conseils des villes de notre échantillon ont reçu une attention médiatique significativement moins importante que les candidates et candidats aux postes de mairesses et de maires. Ce constat n’a rien d’étonnant puisque, comme le soulignent Gingras et Maillé (2018, p.335) dans leur revue de la littérature au sujet de la médiatisation des femmes politiques, « la proximité avec le pouvoir et le succès politique se traduisent par une attractivité certaine pour les médias ». Dans le cas de la présente recherche, l’intérêt médiatique supérieur porté aux candidatures aux mairies s’est avéré désavantageux pour les femmes puisque plus d’hommes se sont présentés comme maires que de femmes comme mairesses. Nous considérons aussi que la notoriété des individus briguant les mairies et les conseils a pu accroître l’espace médiatique qui leur a été accordé. En premier lieu, nous avons relevé que cette notoriété était relative à l’appartenance de certaines personnes à un parti reconnu, par opposition aux candidatures indépendantes posées par d’autres. En second lieu, elle avait trait à des évènements et des agissements hors de l’ordinaire impliquant un candidat ou une candidate, survenus durant la période électorale. Cet intérêt médiatique plus prégnant pour les candidats et candidates dont les propos ou gestes sortent de l’ordinaire n’est pas sans rappeler l’effet de personnalisation de la politique dont font état Trimble (2013) et Gingras et Maillé (2018). Il apparaît que l’individualisation, le sensationnalisme et la trivialité qui accompagnent aujourd’hui la couverture médiatique de la politique (Trimble, 2013) soient à l’avantage de ces politiciens et politiciennes qui, dans ce contexte médiatique particulier, relève d’un intérêt marqué et se voit accordé une visibilité importante.
16Afin d’exposer dans quelle mesure les candidates aux postes de mairesses et de conseillères municipales sont représentées dans les journaux québécois de notre corpus, nous aborderons tout d’abord dans une perspective comparative selon le genre 1) la quantité d’articles au sein desquels elles sont représentées, 2) l’espace qu’elles y occupent, 3) le format de ces articles et enfin 4) les distinctions observées selon la taille des municipalités. Nous reviendrons également sur le caractère très restreint du corpus d’articles issus de la presse écrite communautaire.
Les femmes politiques, moins médiatisées que les hommes
17Les résultats plus généraux concernant la présence des candidates municipales dans notre corpus composé de 1110 articles nous démontrent que l’espace médiatique que ces dernières occupent est moindre que celui voué à leurs homologues masculins. Qui plus est, leur présence médiatique s’est révélée inférieure à leur présence au sein de la campagne. En effet, en comparant les données recensées à la proportion de femmes parmi les individus ayant fait campagne au cours des élections municipales québécoises de l’automne 2017, nous constatons que si 37 % des personnes ayant présenté leur candidature aux élections sont des femmes, seulement 29 % de la médiatisation des candidatures est relative aux candidates.
Source : auteures
18Aussi, nous observons qu’indépendamment du poste brigué, lorsque les candidates étaient représentées dans les articles, il s’agissait, plus souvent que pour les candidats, des mêmes personnes. En effet, nos résultats démontrent que seulement 37,4 % des candidates briguant les mairies et les conseils ont fait l’objet d’une certaine couverture médiatique. Quant aux autres candidates des villes de notre échantillon (62,6 %), jamais les journaux recensés n’en ont fait mention. Parallèlement, 41 % des candidats ont été médiatiquement représentés.
19Ces premiers résultats comparant la visibilité médiatique accordée aux candidats et aux candidates s’inscrivent a contrario des études américaines et canadiennes des dernières années qui affirmaient que les leaders ou candidates des paliers gouvernementaux provinciaux, étatiques et nationaux recevaient autant, sinon davantage d’attention journalistique que leurs homologues masculins (Smith, 1997 ; Gingras et Maillé, 2018 ; Bystrom, Robertson et Banwart ; 2001 ; Bystrom, 2004 ; Lawrence et Rose 2010 ; Trimble 2007). Notre étude établit donc, à travers l’analyse de ces premiers indicateurs, qu’en termes d’espaces médiatiques, la couverture du monde municipal s’avère plus genrée que celle des autres sphères politiques. Puisque la visibilité médiatique ne se mesure pas uniquement en termes de nombre d’article et de nombre de candidats et candidates représentés, nous avons précisé nos résultats en vérifiant la persistance d’un biais de genre quantitatif en ce qui a trait au contenu des articles.
Le contenu des articles : une confirmation de la persistance des biais de genre
20Au-delà du nombre d’articles dédiés respectivement aux femmes et aux hommes politiques de la scène municipale québécoise, nous nous sommes intéressées au contenu des écrits journalistiques recensés afin de mesurer s’il résidait aussi des biais de genre quant à la manière dont ces dernières et ces derniers étaient représentés au sein même des articles. À ce propos, nous avons pu formuler six constats généraux.
211. Le premier élément de conclusion qui résulte de notre démarche nous permet de mettre de l’avant que les candidats ont été le sujet central d’un article presque trois fois plus souvent (31,4 %) que les candidates (11,3 %).Afin d’en arriver à ce constat, pour chaque article, nous avons noté quel était le sujet premier de la nouvelle. Ainsi, parfois, les articles avaient comme sujet central une seule candidate, un seul candidat, une pluralité de candidats et de candidates ou encore, un enjeu ou une personne extérieure à la campagne. Nous avons de plus démontré que dans la rare minorité des cas, lorsqu’un candidat était représenté dans un article, la nouvelle avait pour sujet central une candidate (4,5 %). Par contre, il était au moins deux fois plus fréquent de voir qu’un article où figurait une candidate avait pour sujet central un candidat (10,3 %).
222. Comme second constat, nous remarquons que les candidats sont au premier plan de la nouvelle (acteur principal), en compagnie d’autres individus ou seuls, plus de deux fois plus souvent (40,8 %) que les candidates (17,2 %). Plus différenciés encore, nous observons que les candidates sont trois fois moins fréquemment actrices secondaires d’un article (7,3 %) que les candidats (21,4 %). Pour en arriver à ce constat, nous avons relevé pour chaque article si les candidats et les candidates occupaient un rôle de premier, second ou troisième plans. Ces catégories, à la manière de la distribution des répliques d’un film entre les personnes actrices, sont associées à l’espace accordé aux candidats et candidates dans chaque article. Selon la façon dont était organisée l’information au sein de chaque article, nous déterminions si une ou plus d’une personne pouvait occuper respectivement les rôles d’acteur primaire, secondaire ou tertiaire de la nouvelle.
Source : auteures
233. En troisième lieu, nous constatons que, dans l’ensemble, les candidats briguant les postes municipaux ont pris la parole largement plus souvent (71,4 %) que les candidates (28,6 %) au sein des articles de notre corpus.Nous avons considéré trois types de prises de parole lors du codage des articles. D’abord, nous avons noté qu’il s’agissait d’une prise de parole directe lorsqu’un article reprenait tel quel les mots d’un candidat ou d’une candidate à travers une citation. Nous avons considéré qu’il s’agissait d’une prise de parole rapportée lorsque les propos de cette personne étaient reformulés, et qu’il s’agissait de paroles analysées si les propos des personnes briguant les mairies et les conseils de ville faisaient l’objet de l’analyse d’un autre individu (journaliste ou autre acteur de l’article). Ainsi, les prises de parole des candidats, qu’elles soient directes (71,5 %), rapportées (70,5 %), ou analysées (69 %), ont été largement plus nombreuses que celles des candidates (respectivement 28,5 %, 29,5 % et 31 %).
244. Notre quatrième constat concerne la manière dont les candidates et candidats sont décrits comme prenant part aux actions à travers les articles du corpus (Stoiciu et Brosseau, 1989). Proportionnément au nombre de fois où leur comportement est décrit, nos analyses démontrent que les candidates sont sujets d’action (88,7 %) et objets d’action (11,3 %) dans une proportion équivalente aux candidats (87,6 % et 12,4 %). Afin de comparer la façon dont les comportements des politiciennes et politiciens étaient décrits, nous avons noté le nombre de fois où elles et ils étaient présentés en tant que sujet posant une action (par exemple, la candidate promet, le candidat dénonce, la candidate présente, etc.) ou en tant qu’objet subissant cette action (par exemple, la candidate est choisie, le candidat est informé, la candidate se fait supplanter, etc.).
25Ainsi, les trois premiers constats concernant 1- le sujet de l’article, 2- le rôle joué au sein de la nouvelle et 3- le nombre de prises de parole, appuient nos observations générales quant au plus faible nombre de candidates médiatisées et à la quantité plus restreinte d’articles à leur propos. Il apparaît en effet que les candidates municipales sont toujours désavantagées par rapport aux candidats, puisqu’elles obtiennent une visibilité plus limitée. En ce qui concerne 4- la position des hommes et des femmes politiques par rapport à l’action (sujet ou objet d’action), l’équivalence observée nous amène à constater que lorsque les candidates sont représentées, elles ne sont pas davantage que leurs confrères présentées comme passives face aux événements les impliquant.
265. Le cinquième constat que nous posons concerne les étiquettes d’identifications (Stoiciu et Brosseau, 1989) utilisées pour désigner les candidats et les candidates. Dans la vaste majorité des articles, elle s’est révélée neutre (à 89,7 % pour les candidats et à 86 % pour les candidates) et nous n’avons pas observé de distinction selon le genre des personnes politiques. L’étiquette d’identification est un indicateur qui nous a permis d’évaluer si le vocabulaire utilisé par les auteurs et auteures des articles pour présenter ou nommer les candidats et candidates était positif, négatif ou neutre. Les journalistes ont généralement désigné les hommes et les femmes briguant les mairies et les conseils de manière neutre, puisqu’ils ont utilisé des éléments associés à leur position politique (par exemples, candidat, mairesse sortante) et à leur titre professionnel (par exemple, ancienne journaliste, membre du comité exécutif) pour les présenter. Notons toutefois que les mots utilisés pour parler des femmes se sont révélés légèrement plus souvent teintés que ceux employés pour désigner les hommes. En effet, les termes choisis par les journalistes pour nommer les candidates étaient plus fréquemment positifs (7,4 %) et plus fréquemment négatifs (6,6 %) que ceux associés à la présentation des candidats (respectivement 5,3 % et 5 %). Qu’on ait fait le choix de désigner les candidates comme « femme d’affaires impliquée dans sa collectivité », « sœur sourire », « mère au foyer » ou autre, nous tenons à souligner qu’on leur a alors apposé, plus souvent qu’aux candidats, une étiquette d’identification connotée qui a pu contribuer à modeler des représentations médiatiques plus polarisantes à leur sujet.
Source : auteures
27En soustrayant de notre corpus total les articles relevant de la chronique, des commentaires, des débats et des éditoriaux, nous avons constaté que les candidates étaient plus souvent qualifiées négativement (5,1 %) que les candidats (2,7 %) parmi les articles leur étant relatifs. En effet, les articles censés intégrer une certaine neutralité journalistique (Christians et al., 2009) attribuaient plus souvent aux candidates qu’aux candidats une étiquette d’identification négative. À titre d’exemple, l’actuelle mairesse de Montréal et seule femme briguant au moment de l’étude la mairie de cette municipalité, Valérie Plante, y est interpellée comme étant « la novice » et la candidate briguant le conseil de ville de Lac-Mégantic, Anne Dupuis, se voit étiquetée comme « femme au foyer ». Si l’usage du terme « novice » s’avère en soi péjoratif puisqu’il est associé à un manque d’expérience, il résonne également négativement considérant que, dans l’ensemble du corpus, l’expérience politique des candidates est souvent mise en relation avec leur compétence à devenir conseillère ou mairesse. Quant à Dupuis, la présenter comme « mère au foyer » n’établit en rien sa crédibilité politique. Au contraire, cette représentation questionne ses compétences puisqu’elle associe son image au rôle traditionnel féminin de mère (Lalancette et Doucet, 2014), l’éloignant ainsi de la sphère professionnelle qui devrait l’amener à être médiatisée. En présentant cette candidate en relation à son rôle de mère relevant de la sphère privée, l’étiquette d’identification utilisée contribue à alimenter la double contrainte associée à l’exigence de répondre à la fois aux attentes liées au genre, tout en démontrant des compétences professionnelles politiques (Goodyear-Grant, 2013). Toutefois, ce que la présence plus importante d’étiquettes d’identification connotées (positivement ou négativement) pour parler des candidates indique surtout, c’est que médias écrits se permettent plus fréquemment d’émettre un jugement au sujet des femmes politiques municipales que des hommes. Cet élément retient notre attention puisqu’il confirme que les manifestations sexistes présentent dans le monde politique se retrouvent également dans l’univers journalistique ; le double standard entre les politiciens et les politiciennes persiste dans la manière de les présenter au sein des journaux écrits (Gingras et Maillé, 2018). Ce concept qui renvoie à l’application de critères différents pour évaluer les hommes et les femmes politiques à l’avantage des politiciens (Gingras, 2014) s’illustre, au sein de notre corpus, en un traitement inéquitable entre les hommes et les femmes.
286. Au-delà des termes employés pour désigner les candidates et candidats, nous avons cherché à savoir s’il existait une distinction genrée entre le ton général des articles au sein desquels étaient représentés les hommes et les femmes politiques du palier municipal. Notre analyse révèle que plus souvent que les candidats (4,7 %), les candidates sont représentées dans un article dont le ton est positif (7,5 %). À l’inverse, elles sont moins souvent représentées que leurs homologues masculins (10 %) au sein d’articles dont le ton employé par le ou la journaliste est négatif (6,5 %). Si ces données s’avèrent étonnantes considérant que l’on attribue plus souvent aux candidates (6,6 %) qu’aux candidats (5 %) une étiquette d’identification négative, elles nous permettent de montrer que le ton de l’article et l’étiquette d’identification des politiciens et politiciennes représentent des indicateurs indépendants, dont la corrélation est à comprendre en fonction du rôle joué par la personne politique au sein de la nouvelle (personne actrice principale, secondaire ou tertiaire). Si, par exemple, une chronique traite positivement du dernier mandat d’un maire sortant et y présente aussi, mais à l’aide d’étiquettes négatives une candidate à la mairie comme son opposante, le ton positif de l’article n’affectera en aucun cas positivement l’image de cette candidate, bien au contraire. En effet, si les candidates sont plus fréquemment que les candidats représentées dans des articles au ton positif, il faut se rappeler qu’elles sont largement moins souvent que les candidats (41 %) au premier plan de la nouvelle (17 %). En ce sens, lorsque les candidates sont représentées à l’aide d’étiquettes négatives dans des articles au ton positif dont elles ne sont pas le sujet central, le rapport entre le ton de l’article et le registre de l’étiquette d’identification ne peut qu’intensifier le caractère négatif de l’image qu’elles projettent. Il demeure que, dans la vaste majorité des cas, et sans grande surprise, les auteurs et auteures des articles de notre corpus ont employé un ton neutre. Notons cependant, nous avons constaté que les auteurs (60,8 %), avaient contribué plus largement que les auteures (24,3 %) à la rédaction des articles au ton connoté de notre corpus représentant des candidates. En effet, 55,6 % des articles employant un ton positif (N=20) ont été rédigés par des hommes, tout comme 65,8 % des articles employant un ton négatif (N=25). Toutefois, ces résultats sont à nuancer considérant que plus d’hommes journalistes (65,9 %) que de femmes journalistes (34,1 %) ont écrit des articles.
Le format des articles : une distinction genrée modérée
29Afin de mesurer si des biais de genre persistent dans les représentations médiatiques des candidates et candidats municipaux au sein de la presse écrite québécoise, nous avons jusqu’à présent analysé, dans une perspective comparative, la quantité d’articles et le contenu de ces derniers. Le format des nouvelles et la présence de photographies les accompagnant nous ont également semblé constituer des variables pertinentes susceptibles de nous permettre d’étoffer notre compréhension de cette problématique.
30Concernant la taille des articles de l’ensemble de notre corpus, elle ne paraît pas être corrélée au genre des candidats et candidates. En effet, en nous basant sur l’espace qu’occupe l’article par rapport aux dimensions du journal, nous avons noté que les candidates ont été médiatisées à travers des articles courts (25,3 %), moyens (38,9 %) et longs (35,8 %), dans une proportion similaire aux candidats (courts 29,6 %, moyens 36,5 % et longs 33,9 %). Cependant, nous avons constaté, parmi les articles de longue taille, que les candidats (12,9 %) constituent, bien plus souvent que les candidates (7,6 %), le sujet central de la nouvelle.
31En ce qui a trait à la représentation visuelle des hommes et femmes politiques au sein des journaux écrits, nous constatons que c’est dans une proportion analogue que les articles associés aux candidats (71 %) et aux candidates (72,3 %) comportent une ou plusieurs photos. Quant aux individus représentés sur les photographies, nous avons pu établir qu’il s’agit de façon équivalente de candidats (34,7 %) et de candidates (35,1 %). De plus, lorsque la photo accompagnant l’article représente le candidat ou la candidate dont il est question, le contenu de la nouvelle est plus largement associé à des articles au ton général positif pour les femmes (53,9 %) que pour les hommes (33,8 %). Cependant, comme nous n’avons pas effectué d’analyse sémiotique de ces photographies, il nous est impossible de nous prononcer sur la présence ou l’absence de biais de genre dans leur composition (perspective privilégiée, taille des politiciens et politiciennes sur les photographies, etc.).
Variation de la médiatisation selon la taille des municipalités
32Nous avons jusqu’ici présenté des résultats relatifs à l’ensemble de notre corpus. Puisque celui-ci se compose de journaux associés à trois petites municipalités, trois moyennes et deux grandes, nous nous penchons plus spécifiquement sur chacune de ces trois différentes catégories, afin de déterminer si la médiatisation des candidats et candidates varie selon la taille de la municipalité à laquelle se rattachent les journaux consultés.
33Qu’il s’agisse de municipalités de grande, moyenne ou petite taille, les candidats sont toujours davantage médiatisés que les candidates. Toutefois, nous remarquons que la catégorie des petites municipalités de notre échantillon5 est celle où subsistent le moins de disparités genrées puisque la différence entre la quantité d’articles associés aux hommes politiques (77,6 %) et celle associée aux femmes politiques (47,4 %) y est la moins importante. La catégorie des grandes villes6 arrive quant à elle en seconde place puisque les candidats sont représentés dans 90,7 % des articles, et les candidates dans 50,2 % d’entre eux. C’est en revanche la catégorie des villes de taille moyenne7 qui accuse le plus grand écart. En effet, les candidats (89,6 %) y sont plus de deux fois plus souvent dépeints que les candidates (39,4 %). Aussi, les femmes sont plus souvent présentées par une photo (43,8 %) que leurs homologues masculins (38 %) lorsqu’elles sont médiatisées parmi les articles de ces municipalités.
Source : auteures
34C’est sans étonnement que nous constatons, considérant les résultats d’ensemble, que les prises de parole sont, dans chacun des trois groupements de municipalités, majoritairement accordées aux candidats municipaux (petites, 69,7 %, moyennes 75,7 % et grandes 70 %).
35Ceci dit, les journaux des municipalités de taille moyenne sont ceux qui accusent ici aussi la plus grande disparité entre les prises de parole des candidats et des candidates. En effet, c’est dans ce groupement que l’écart le plus important se fait sentir entre le nombre de fois où les candidates (24,3 %) et les candidats (75,7 %) prennent la parole. De plus, contrairement aux grandes et aux petites municipalités, nous observons en analysant les journaux de celles de taille moyenne que les propos des candidats briguant les mairies et les conseils (34,3 %) font moins souvent l’objet de paraphrases que ceux des candidates (42 %). Ils font aussi plus fréquemment l’objet de citations directes (65,6 %) que ceux de leurs homologues féminins (58 %). C’est donc dire que dans les journaux écrits francophones québécois, les paroles des hommes politiques sont plus souvent jugées pertinentes telles qu’elles sont prononcées par ceux-ci que ce n’est le cas pour les femmes politiques, alors qu’il serait plus fréquemment jugé adéquat de reformuler les propos de ces femmes que de ces hommes. En effet, les auteures et auteurs des articles recensés se permettent davantage de parler à la place des candidates, pour énoncer à travers leurs propres mots ce que ces dernières expriment qu’ils ne jugent opportun de le faire pour les candidats.
36Ces résultats nous amènent à constater que les biais de genre semblent plus importants dans les médias écrits des villes de taille moyenne que dans ceux des petites ou grandes municipalités. Sans être en mesure d’expliquer de façon définitive ce constat, il nous semble pertinent de considérer que les petites municipalités, qui permettent une plus grande proximité, favorisent peut-être les représentations des candidates, déjà connues (voir reconnues) au sein de leur communauté. Parallèlement, nous pouvons présumer que les grandes villes, caractérisées de leur côté par une importante diversité sociale et où les femmes occupent plus souvent des postes de pouvoir et de responsabilité (notamment dans la sphère publique) sont aussi des environnements qui favorisent la limitation des représentations médiatiques genrées.
Représentations médiatiques et métier politique : quels enjeux pour les femmes ?
37Globalement, les résultats de notre recherche démontrent qu’il subsiste des biais de genre dans la représentation médiatique des hommes et des femmes politiques au Québec, notamment au palier municipal. En ne permettant pas aux femmes politiques d’occuper un espace médiatique équivalent à celui consacré à leurs homologues masculins au niveau du nombre d’articles leur étant consacrés, du nombre de candidates médiatisées, du sujet de l’article, du rôle joué au sein de la nouvelle et du nombre de prises de parole leur étant conférées, les médias contribuent à perpétuer l’identité masculine du métier politique municipal, ce qui fait écho aux travaux sur ces questions (Gendengil et Everitt, 2003). Effectivement, comme le soulignent Dulong et Matonti (2007), les définitions comme les attentes associées aux rôles politiques sont genrées, « c’est-à-dire taillées depuis les débuts de la démocratie représentative par et pour les hommes ». Bereni et coll. (2008) avancent également que les notions de la féminité seraient souvent construites comme étant l’antithèse des normes politiques. En ce sens, il est possible de penser que le métier politique, pour reprendre les termes de Bourdieu (1998), puisse être associé à une position sociale sexuée et sexuante. Il nous apparaît que les journaux écrits que nous avons analysés reprennent cette construction sociale du politique au sujet des candidatures municipales en assurant une place quantitativement supérieure aux hommes qu’aux femmes. De ce fait, les médias de notre échantillon contribuent à reproduire « l’agenda médiatique d’orientation masculine qui privilégie la pratique de politiques en tant que quête essentiellement masculine »8 (Gidengil et Everitt, 2003, p.560). En d’autres termes, cette forme de couverture médiatique mettant les hommes à l’avant-plan contribue à ce que se perpétue une représentation de la présence des femmes en politique comme étant un fait particulier (Ibid.). En ne leur accordant pas une tribune équivalente à celle des hommes, la couverture médiatique que nous avons dépeinte supporte le statu quo, c’est-à-dire, la présence d’hommes perçue comme étant la norme (Ibid.).
38Comme l’on montré d’autres travaux (Gidengil et Everitt, 2003 ; Heldman et al., 2005), parce qu’ils n’offrent pas aux candidates municipales une tribune équivalente à celle des hommes de la scène politique municipale, les médias de notre corpus contribuent à perpétuer une vision genrée du monde politique et à raviver l’idée que le fait d’être une femme ne corresponde pas aux notions de leadership et de politique. Ils soutiennent ainsi la division genrée du travail qui caractérise actuellement le monde politique, faisant écho aux travaux du Conseil du statut de la femme du Québec (2018). Basée sur le principe de genre en tant que construit social dichotomisant et hiérarchisant, la notion de division sexuée du travail est définie par Bereni et al. (2008) comme : « l’assignation prioritaire des hommes au travail productif, et des femmes au travail reproductif » (p. 2008, 114). Ainsi, le processus du genre organise diverses sphères de la société et associe les hommes (porteurs principaux des normes masculines) au domaine public dont la politique fait partie (Jamieson, 1995). En ne permettant pas aux candidates municipales d’être médiatisées dans une proportion représentative de leur présence politique, les articles de la presse écrite de notre corpus concourent à faire de la sphère politique un espace majoritairement masculin. De ce fait, ils confèrent aux candidats municipaux un avantage majeur puisque les citoyens sont plus enclins à appuyer une candidature avec laquelle ils ont été en contact via les médias (Hopmann et al. 2010; Wagner et al., 2017). En ce sens, les journaux que nous avons analysés ont contribué à ériger des barrières devant les femmes qui souhaitent assumer une fonction politique.
Conclusion
39Corroborant à partir d’un corpus québécois les résultats des travaux britanniques et américains de Ross et al. (2013), Braden (1996), Kahn et Gordon (1997) et Witt et al. (1994), notre étude démontre qu’il existe une distinction quantitative entre les représentations médiatiques des candidats et des candidates de la scène municipale, en faveur des candidats. L’espace médiatique occupé par les candidates au sein des articles analysés s’est vu largement inférieur à celui occupé par les candidats, dans une proportion encore plus inéquitable qu’en ce qui a trait au pourcentage des femmes et des hommes s’étant présenté aux élections municipales. De plus, nous avons constaté que les candidats font plus souvent l’objet central d’un article, en plus d’être plus fréquemment représentés seuls que les candidates. Nous avons aussi démontré que le ton des articles rédigés par des hommes à propos des candidates est plus souvent empreint de jugement que celui des articles écrits par des femmes.
40Bien que les candidates aient été sujets et objets d’action dans une proportion équivalente aux candidats et que nous n’ayons pas relevé de distinction de genre quant à la taille des articles où à la proportion de ceux comportant une ou plusieurs photos, notre analyse démontre que les médias écrits contribuent à perpétuer l’identité masculine du métier politique municipal (Gendengil et Everitt, 2003). En appliquant un double standard dans le traitement médiatique des hommes et des femmes politiques, en réifiant une vision genrée du monde politique (Gidengil et Everitt, 2003) et en ravivant l’idée que les notions de leadership et de politique soient contraires aux identités féminines (Heldman et al., 2005), les médias soutiennent la division genrée du travail qui caractérise à l’heure actuelle la sphère politique (Conseil du statut de la femme, 2018).
41 Face à ces constats, nous soulignons l’importance de procurer au lectorat une information représentative et diversifiée, par exemple au travers la médiatisation des politiciens et politiciennes, dans une proportion équivalente à l’espace qu’ils et elles occupent au sein de la sphère politique. Le monde politique change et les femmes investissent de plus en plus largement ces espaces de pouvoir et de prise de décisions sociales, économiques, culturelles et de gouvernance. Nous savons que les médias participent à la perception que nous avons du monde qui nous entoure et à notre compréhension des réalités sociales qui le constituent. Pour favoriser des changements concrets dans cette sphère du réel, il importe donc que les médias contribuent à construire de nouvelles images et de nouveaux modèles, à la fois concernant les représentations des femmes en politique et les représentations du monde politique, en lui-même.
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Notes
1 La personne lectrice peut consulter le rapport de recherche issu de ce projet sur le site Internet de la Table de concertation des groupes de femmes de la Montérégie : http://www.tcgfm.qc.ca/preview/Representations_Mediatiques_Femmes_Elections_Municipales_Rapport.pdf
2 La TCGFM est un organisme visant l’amélioration des conditions socioéconomiques, culturelles et politique des femmes de la région de la Montérégie, une région administrative du Québec (TCGFM, 2016). La personne lectrice peut consulter le site Internet de l’organisme à l’adresse suivante : http://www.tcgfm.qc.ca/
3 Le Service aux collectivités de l’UQAM permet la collaboration entre le milieu universitaire et des groupes sociaux non traditionnellement desservis par les universités, dans le cadre de projets de recherche collaboratifs et partenariaux. La personne lectrice peut consulter le site Internet du Service aux collectivités de l’UQAM à l’adresse suivante : https://sac.uqam.ca/
4 Cette recherche s’inscrit comme l’un des volets du projet Plus de femmes en politique ? Les médias et les instances municipales, des acteurs clés ! (http://tcgfm.qc.ca/projets/3), mené conjointement entre la Table de concertation des groupes de femmes du Bas Saint-Laurent (TCGFBSL), la Table de concertation des groupes de femmes de la Montérégie (TCGFM), la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM) et le Groupe des médias étudiants (GMÉ) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (GME UQTR).
5 Repentigny (84 965 habitantes et habitants), Lac-Mégantic (5 932 habitantes et habitants) et Rivière-du-Loup (19 447 habitantes et habitants) sont les petites municipalités de notre échantillon.
6 La catégorie des grandes villes est composée de Montréal (1,741 million d’habitantes et habitants) et Québec (538 238 habitantes et habitants).
7 La catégorie des villes de tailles moyenne intègre Saguenay (146 849 habitantes et habitants), Longueuil (241 606 habitantes et habitants) et Trois-Rivières (134 846 habitantes et habitants).
8 « male oriented agenda that privileges the practice of politics as an essentially male persuit » (traduction des auteures)
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